Olifants et Littérature
 
La collection Spitzer : Antiquité, Moyen Âge, Renaissance. Tome I | Gallica
(Extraits)
 
 
No 22. — COR
Travail allemand (XI e siècle).
La décoration de ce cor consiste, à l’embouchure et au pavillon, en larges zones d’ornements couvertes de feuillages et d'entrelacs. Du côté du pavillon, sur une zone plus large, sont représentés des animaux courant les uns après les autres : un lion, un cerf, un oiseau, un cerf, un autre cerf, un chevreuil. Le reste de la surface du cor est divisé en deux grands compartiment. Du côté intérieur de la courbure, on voit Jésus-Christ assis sur un trône, dans une gloire ovale qui

soutiennent deux chérubins et quatre anges; au-dessus d’eux sont représentés à gauche la Lune, à droite le Soleil. Le Christ est figuré barbu, les cheveux longs, la tête entourée d’un nimbe crucifère. De la droite, il bénit à la latine, de la gauche il tient une croix à longue hampe. Au-dessous du Christ, sous une arcade en plein cintre supportée par deux colonnes torses, on voit la Vierge debout nimbée, vêtue d’une longue robe et d’un voile, les mains étendues dans l’attitude des orantes. A droite et à gauche se tiennent debout deux anges nimbés, vêtus de longues tuniques, tenant en main un labarum de forme carrée, à long manche.

Du côté extérieur de la courbure, le cor est divisé par des bordures ornées d’olives et de perles en dix-huit compartiments rectangulaires, où l’on voit les douze apôtres à mi-corps, nimbés, tenant chacun un livre; dans le haut, la main divine bénissante; au-dessous, les Évangélistes représentés sous la forme d’hommes ailés, n’ayant que la tête des animaux qui leur servent ordinairement d’attributs.
Le dernier compartiment au-dessus des Évangélistes est occupé par un chien. Une large frise contourne le cor au-dessous de ces tableaux : on y voit un lion couché, un lion attaquant un cerf, un griffon et un dragon. Influence grecque et orientale très marquée. Relief peu accentué.
Longueur : 0,640 m. — Grand diamètre : 0,120 m
(Cet ivoire, particulièrement remarquable à cause du mélange qu’on y remarque d’une influence byzantine incontestable et
d’une grande barbarie d’exécution, a fait partie de l’ancienne collection Colchen, à Metz.— Publié par Cahier et Martin, Nouveaux mélanges d’archéologie; Ivoires, Miniatures, Emaux, p. 43, 44.)
 
 
 
N° 30. — COR
(XIIe siècle).
 
La décoration de ce cor est divisée en trois zones : deux très étroites qui sont placées à l’embouchure et au pavillon de l’instrument ; la troisième, beaucoup plus large, occupant toute la partie médiane. Sur ces trois zones sont sculptés des médaillons circulaires formés d’entrelacs dans lesquels sont figurés des animaux de style oriental ; des gazelles, des lions, des griffons, des léopards, des oiseaux. Un bandeau orné de feuillages limite chacune des zones.
Travail exécuté probablement en Occident, d’après un modèle oriental.
Longueur :  0,46 m. — Grand diamètre : 0,076 m.
 
 
 
  116. - COR
Travail Français (fin du XVe siécle)
 
De forme recourbée, il est taillé à huit pans, et chacune de ces faces est ornée d'une frise de feuillages ou de pampres largement découpés, au milieu desquels se jouent divers personnages et des animaux : des ours, des dragons, des lions, des lapins, des singes des Chiens, des chasseurs, des enfants nus à cheval sur des bâtons. La monture se compose de trois larges anneaux d'argent, à huit pans. L'un de ces anneaux forme l'embouchure, les deux  autres sont munis d'anneaux de suspension. Ils sont bordés. de gros fils d'argent tordus, et sur leur partie plane se déroule une frise de feuillages et de fleurs, sur lesquels sont perchés des oiseaux; le tout gravé et incrusté d'émaux translucides. Cette monture date du XVIe siècle.
Longueur : 0,475 m.   --    Grand diamètre : 0,066 m 
 
  127. - COR  (Hélas non représenté)
Travail frainçais (fin du XVe ou commencement du XVIe siècle). 
 

Il est de forme cylindrique et très légèrement recourbé, sa décoration consiste en une frise sculptée qui se déroule en spirale sur toute sa longueur. Cette frise est coupée en deux parties par un anneau de suspension en argent maintenant une double chaine rattachée au cercle qui garnit l'extrémité du cor. A la partie inférieure de la frise, trois chasseurs, deux â pied et un à cheval, attaquent un sanglier qu'entourent des chiens; à la partie supérieure est représentée une chasse au cerf. L'animal est entouré pur les chiens, et deux cavaliers se dirigent vers lui, un valet portant un épieu tient deux chiens en laisse.

 

Longueur : 0,280  m. -  Grand diamètre : 0,035  m.
 
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k64607571.texteImage
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2- Corne a boire en ivoire (11S4)
Cette corne, formée d’une petite défense d’éléphant, est décorée de sculptures grossièrement exécutées, réparties en 7 zones les divers compartiments qui composent ces zones, on remarque des suites de zigzags, des perles, des entrelacs,
des rectangles plus ou moins réguliers, un ornement ayant la forme d'un S, une rosace inscrite dans un cercle, un triskelion, des formes dégénérées du zwastika, des têtes humaines imberbes.
La partie inférieure ou vers la pointe est taillée à sept pans de façon à représenter des cintres plus ou moins réguliers disposés sous la dernière zone décrite ci-dessus. L'extrémité moulurée se termine par une sorte de bouton hémisphérique
rehaussé de cotes très fines. Le travail de l'extrémité contraste pour la netteté et la régularité avec les autres ornements. Au surplus, cet accessoire est d'une tonalité blanche tandis que le reste de la défense est d'un ton jaune ambré. Cet objet a été vendu en 1859, par M. \Veidenhaupt, curé à Weimes (Prusse rhénane).
Travail du VIIe ou du VIIIe siècle se rattachant à l'art de l'époque barbare.

 

Corne a boire
du VIIe ou VIIIe siècle
Longueur totale : 0,35 m           Développement extérieur de l'ouverture : 0,150 m
 
Cette défense a toujours constitué une corne à boire; elle se rattache par le choix et le caractère des motifs à l'art de l'époque barbare; les zwastikas de forme abâtardie. les entrelacs, la suite de chevrons, les rosaces, le S, les tètes humaines
grossièrement ébauchées sont autant de motifs que l'on retrouve dans les objets se rapportant aux peuplades qui ont envahi l'Europe depuis le IVe jusqu'au VIIIe siècle. A notre connaissance, c'est le seul ivoire de ce genre que l'on ait retrouvé sur notre continent. Les motifs des diverses zones rappellent le décor des fibules; les pans qui découpent la pointe peuvent être comparés aux arcades qui rehaussent les verres sans pied trouvés dans des tombes de  la période barbare. Il serait difficile d'assigner une époque précise à cet objet;  seulement, il ne sera pas hors de propos de constater les analogies de style qui existent, au point de vue de l'ornementation, entre cette défense et les deux petites châsses en cuivre doré des églises de Saint-Benoît et de Saint­Bonnet-Avelouze  auxquels les archéologues français assignent, à bon droit, le VIIe siècle. (Voir p. 325, L'œuvre de Limoges; par RUPIN, et la reproduction du Catalogue illustré officiel de l'Exposition rétrospective de l'art français des origines à I800, p. 60.)
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II — OLIPHANT
TRANSFORMÉ EN RELIQUAIRE  (6)
 
Ce cor reliquaire est formé d'une défense d'éléphant taillée à seize pans et dont les arêtes ont été émoussées par l'usage. Il est muni d'une monture en cuivre doré pour l'exécution de laquelle on a eu recours probablement aux divers procédés de la fonte, du repoussé, de l'estampage et de la gravure. Il est pourvu en A, B, C, D, de viroles agrémentées de festons. La virole E, qui est en argent, est rehaussée de petites croisettes, et appartient au XIVe siècle.
Le large cercle de métal qui borde l'orifice est décoré d'une suite de douze arcades cintrées reliées entre elles par des palmettes. Ces arcades abritent les bustes des douze apôtres qui, la plupart, font le geste de la bénédiction. Ils n'ont aucun attribut à l'exception de saint Pierre qui tient deux clefs; mais ils sont désignés par des inscriptions en lettres capitales : + PETRUS + ANDREAS + THOMAS + IOHANNES  + M(A)THIAS + IACOBVS + BARTHO(LO)MEVS + SIMON + JVDAS + MATHIAS. Le nom MATHIAS se présente deux fois; en revanche l'orfèvre a omis celui de l'apôtre Mathieu (MATHEVS).
 
Ces bustes sont placés entre une course de rinceaux et des entrelacs. L'orifice du cor est fermé au moyen d'une calotte munie d'un relief arrondi auquel est adaptée une bélière. La calotte est décorée de huit lobes renfermant des palmettes
alternant avec des bustes de jeunes femmes représentant : la Justice (IVSTICIA) tenant des balances; la Prudence (PRVDENCIA) (sic) tenant un serpent; la Force (FORTITVDO) ouvrant la gueule à un lion; la Tempérance (TEMPERENTIA)
soulevant de la main droite le couvercle d'un plat fumant qu'elle porte dans la main gauche. Vers la pointe de la défense se trouve un manchon à huit pans dont sept sont décorés de gravures représentant des figures nimbées à mi-corps de personnages à longues barbes, sans doute des prophètes. Le huitième pan du manchon F est pourvu de rinceaux qui avaient pour rôle, avec la pièce G correspondante fixée sur la bande de l'orifice, de servir de bélières auxquelles venait s'adapter la guiche consistant en une courroie de cuir ou un riche tissu. L'embouchure du cor est agrémentée d'un ornement affectant la forme d'une pomme de pin. Travail allemand ou plutôt rhéno-mosan de la moitié du XIIe siècle.
Acquis en 1861, de M. Stein.
Longueur totale de l'oliphant 0,860 m.      --    Diamètre de l'orifice 0,150 m.
 
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Histoire générale des arts appliqués à l'industrie du Ve à la fin du XVIIIe siècle. 1, Ivoires / Émile Molinier | Gallica
 
page 93
De ces oliphants qui bien souvent n'ont servi en Occident qu'à transporter et conserver des reliques — ce qui, dans un très grand nombre de cas explique leur conservation dans les églises — il faut, à mon avis, faire trois parts, au point de vue de l'origine : les premiers sont très probablement des œuvres orientales ; les seconds sont des copies d'œuvres orientales, copies plus ou moins textuelles exécutées à Byzance ; les troisièmes enfin sont des copies occidentales exécutées soit d'après des originaux orientaux, soit d'après des sculptures byzantines. Quand on examine d'un peu près ces monuments, dont un très grand nombre existe encore aujourd'hui, le départ entre ces trois classes est assez facile a faire, les premiers, comme l'un de ceux que possède le Louvre, peuvent êlre considérés comme des originaux orientaux, proches parents des coffrets persans décorés de figures d'animaux, sculptées dans des médaillons, ou plutôt comme de bonnes copies byzantines exécutées d'après des originaux orientaux au XIe siècle environ; je dis que c'est plutôt une copie byzantine parce que j'y relève un détail qui peut échapper facilement à l’observateur, mais qui cependant est caractéristique : c'est la forme des rinceaux plats, gravés sur les anneaux qui divisent la décoration de l'oliphant en plusieurs zones. Cette forme est absolument particulière à l'art byzantin, qui semble l'avoir empruntée a l'art copte; mais, au reste, les procédés de décoration sont absolument identiques à ceux employés par les ivoiriers orientaux : disposition du décor composé d'animaux ou réels ou fanlastiques suivant des zones ou plus souvent dans les mailles circulaires d'un réseau qui recouvre toute la pièce, dessin très régulier, très cerné; tous les motifs sont profondément champlevés dans l'ivoire, puis rehaussés d'un travail de gravure qui tient lieu de modelé. Tous ces caractères se retrouvent dans un oliphant de facture certainement persane qui a fait partie de la collection Baudot et sur lequel, au milieu des animaux d'un style si particulier que nous montrent tant de monuments d'origine persane, on voit un personnage dont le costume ne peut laisser aucun doute sur l'origine de la pièce. Mais, précisément, sur cet oliphant, les bandeaux qui séparent la décoration en plusieurs zones portent un ornement gravé assez différent des rinceaux que l'on rencontre sur les monuments byzantins, bien que son principe, la course, soit le même.
Dans son catalogue des ivoires, il le décrit ainsi :
21 –OLIPHANT - Art Oriental ou Byzantin - d’après un modèle Oriental  Xe ou XI e siècle.
"La décoration de cet oliphant est divisée en trois parties par des frises encadrant les gorges destinées à recevoir les anneaux de la monture ; ces  frises au nombre de quatre, deux vers le pavillon, deux vers l'embouchure de l'instrument, sont décorées d'une course de rinceaux plats dont les artistes byzantins ont fréquemment, fait usage. Là décoration du pavillon, du corps de l’instrument et de l'extrémité ou  s’ouvre l'embouchure, se compose d'un réseau à mailles circulaires formé de branchages sur lesquels naissent de temps en temps des folioles ou des fruits coniques; les points de tangence des mailles du réseau forment des malles plus petites, rondes ou losangées. Dans chacune des mailles est figuré un animal, ou  réel ou fabuleux. Sur le  pavillon, on voit un bouquetin. un oiseau de proie, un lièvre. Un lion ; sur le corps de l ‘instrument les représentations les plus intéressantes sont : deux aigles affrontés, des dragons, des griffons, des lions, des bouquetins, des lièvres. Tous ces animaux sont profondément détachés du fond et gravés plutôt que modelés sur leur surface. Quelques parties de leur corps sont recouvertes d'ornements, rinceaux ou bandeaux perlés. Vers l'embouchure, on remarque les traces d'une monture en métal qui devait venir s'insérer dans  une série d'entailles en forme de dents de loup creusées dans l'Ivoire. Monture moderne en argent.Sculpture très ferme et d'un beau style,"
Acquis en 1828. - Ancienne collection Révoil    n° 360.
Longueur :    0,048 m.     ---         Diamètre du pavillon :   0,115 m.
 
On peut dire que la plupart des oliphants que l'on attribue d'ordinaire au Xe el au XIe siècle montrent des motifs d'ornementation tout a fait orientaux dont un très grand nombre n'ont jamais été connus chez nous que par des traductions byzantines; mais, parmi ces oliphants manifestement inspirés au point de vue de la décoration par des étoiles, par des ivoires sculptés en Orient, s'en trouve-t-il un très grand nombre que l'on puisse considérer comme autre chose que des imitations occidentales? J'imagine que par comparaison avec des coffrets dans le genre de celui de Troyes, on arriverait à penser que beaucoup sont en effet sortis d'ateliers grecs. Certes, des pièces telles que l'oliphant du Musée de Toulouse 2, avec ses quatre frises d'animaux pour la plupart fantastiques, copiés d'une manière très rude sur des sculptures ou des étoffes orientales; telles que l'oliphant du Musée d'Angers3, où nous voyons encore des animaux fantastiques et un homme monté sur un chameau et sonnant de la trompe, sont proches parentes du coffret qu'on décrivait tout à l'heure : dans ces œuvres, on retrouve le même faire brutal, mais non sans saveur. Au fond, que ces pièces soient réellement de faclure byzantine ou que des œuvres byzantines les aient directement inspirées, la différence n'est pas très grande. Ils nous donnent des modèles de décoration que Byzance a surtout employés. Mais aller plus loin dans un semblable triage serait bien chanceux. On risquerait d'attribuer insensiblement à des artistes grecs des œuvres à la création primitive desquelles ils ont peut-être contribué en fournissant des modèles, mais qui ne sont point sorties de leurs ateliers.
 
Comment ces pièces, coffrets et oliphants, sont-elles parvenues en Occident? Les événements de 1204 contribuèrent évidemment à en amener quelques-unes dans les trésors ecclésiastiques; mais, au commencement du XIIIe siècle, les coffrets en os dont on parlait tout à l'heure devaient être des objets déjà passés de mode et d'ailleurs ce n'étaient pas des objets assez luxueux pour se trouver en bien grand nombre dans les plus riches trésors de Constantinople, dans ceux qui furent mis surtout à contribution par les pillards. C'est, à n'en pas douter, bien antérieurement à cette époque que des coffrets tels que celui de Xanten ou de Crancnburg ont été apportés en Occident ; comme certaines boîtes de faire absolument oriental, conservées dans quelques églises d'Allemagne *, ils ont servi à rapporter des reliques d'Orient, et c est ainsi que des meubles civils, en Orient, sont devenus en Occident des meubles religieux entre les mains de prêtres ou de moines qui ne comprenaient pas la signification des scènes qui y étaient représentées. Quant à ceux, en très grand nombre, qui ont figuré dans des trésors italiens, leur présence est plus explicable par les relations politiques ou commerciales qui ne furent jamais interrompues entre l'Empire d'Orient et la péninsule. C'est par la môme voie également que sont venus les quelques oliphants byzantins que nous possédons et qui ont servi de modèles à ceux, beaucoup plus nombreux, fabriqués en Occident. Mais, tandis que les premiers représentent des voyages et pèlerinages de l'époque carolingienne, les seconds, d'époque beaucoup plus basse, ont dû être apportés au XIIe siècle, quand ils ne sont pas venus tout bonnement à la suite de la quatrième croisade.
 ( 1. Du moins on peut distinguer un original oriental d'une copie byzantine, car pour faire avec certitude le départ entre les oliphants byzantins et leurs copies exécutées en Occident dans un très grand nombre de cas, on pourrait hésiter. A ce point de vue on peut comparer les deux oliphants que possède le Louvre.)
 
Page 219         La renaissance.

J'ai gardé pour la fin le plus bel objet certainement dont on puisse attribuer la sculpture aux ivoiriers français, un cor en ivoire qui fait partie de la Collection de M. le baron Adolphe de Rothschild (planche xxiii). Rien n'égale la virtuosité avec laquelle l'artiste, sculptant l'ivoire comme s'il eût modelé delà cire, a, d'une main impeccable, conduit du pavillon à l'embouchure de l'instrument des guirlandes délicates, d'une extraordinaire pureté de lignes et d'une sobriété de goût remarquable. Cette pièce appartient à la première époque de la Renaissance française. On se plairait à croire qu'elle a été en la possession du vainqueur de Marignan, grand chasseur par goût et non moins curieux de choses d'art. Sa monture de métal ne contribue pas peu à ennoblir un monument exquis qui, à ses qualités d'exécution, joint encore et attrait de curiosité d'être vraisemblablement l'ivoire qui a été payé le plus cher en vente publique Mais le prix ne fait rien à l'affaire ; et en face de ce bibelot exquis on se prend à songer aux fines sculptures du château de Gaillon, de Blois ou de Chambord.

Ce n est que de la décoration, mais la décoration traitée avec cette maîtrise équivaut aux plus belles figures.

 
 
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PLANCHE VII.    --   OLIPHANT.

 
 
Un cor de chasse en ivoire appartenant au comte Spencer, appelé Oliphant car il est en ivoire, et orné des armoiries et insignes de Ferdinand et d'Isabelle de Portugal, peut être considéré comme datant de la première moitié du XVIe siècle, la dragonne et la boucle étant manifestement un ajout ultérieur. La magnifique sculpture, si remarquable sur ce cor, aurait été réalisée par des Noirs de la côte ouest de l'Afrique, qui sculptaient l'ivoire pour les Portugais ; les armoiries du Portugal, avec leurs supports, deux anges tenant le bouclier à l'envers, apparaissent souvent sur leurs œuvres.
Philippe II d'Espagne épousa Marie, fille du roi du Portugal, en 1543. Elle mourut en 1545. La sculpture de la corne fut probablement achevée dans cet intervalle, et lorsque Philippe vint en Angleterre pour épouser Marie Tudor, il a peut-être apporté la corne avec lui.
Outre les usages mentionnés sous « Cornes de Burgmote » ( Planche I ), les cors servaient à donner l'alarme en cas de danger, à annoncer l'arrivée de visiteurs de marque et, comme l'indique M. M'Intyre North à propos du cor du château de Drummond, à convoquer la maisonnée et les invités à dîner. Mais les cors ne se limitaient pas à remontage ; on trouvait aussi des cornes à boire et à poudre, souvent magnifiquement décorées.
 
La longueur maximale de ce cor, mesurée le long de la courbe extérieure et incluant l'embouchure, est de 71 cm.
Sa circonférence maximale est de 29 cm et sa circonférence minimale de 7 cm.

 

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